Les appellations et mentions d’âge liées au vieillissement des spiritueux

Le vieillissement est une notion importante concernant les spiritueux. En effet, ce n’est pas un scoop de dire que la durée de vieillissement impacte de manière significative les arômes d’un whisky, d’un rhum ou d’un Cognac par exemple. Mais entre les différentes appellations (VS, VSOP, XO, …) et les mentions d’âge qui ne suivent pas toujours les mêmes règles, il est parfois difficile de s’y retrouver. Cet article reprend donc les règles et les mentions existantes pour chaque type de spiritueux.

Sommaire :
– Whisky et bourbon
– Rhum
– Cachaça
– Tequila
– Cognac
– Armagnac
– Calvados
– Brandy
– Les autres spiritueux
– Conclusion

Whisky : le plus rigoureux

Les whiskies possèdent beaucoup de mentions concernant le type de matières premières, le fait qu’il s’agisse d’un single malt ou d’un assemblage. Ce sujet mérite amplement un article dédié, je ne vais donc pas aller plus loin pour le moment. La mention de l’âge est également très souvent présente car c’est un critère important et un aussi parfois un moyen de justifier un prix assez élevé.

La mention de l’âge n’est pas obligatoire et on note même une certaine tendance à ne plus l’afficher à tout prix pour mettre en avant d’autres choses et ne pas réduire un whisky à son temps passé dans un fût.

La règle sur la mention d’âge est assez simple. L’âge affiché sur la bouteille correspond au temps de vieillissement du whisky le plus jeune. Cette notion est importante pour les assemblages. Par exemple un blend whisky comprenant des eaux-de-vie ayant vieilli entre 12 et 20 ans aura la mention 12 ans. Sachez également qu’un whisky doit avoir un vieillissement d’au moins 3 ans pour pouvoir s’appeler whisky.

Bourbon : une seule mention

Concernant le Bourbon, on trouve moins souvent de mention d’âge et il n’y a pas de vieillissement minimum pour l’appellation Bourbon. Seule l’appellation Straight Bourbon indique que l’eau-de-vie a subi un vieillissement d’au moins 2 ans. Pour le reste, c’est bien la même règle qui s’applique lorsque l’âge est mentionné.

Rhum : un peu plus baba

Comparé au whisky, la règlementation autour du rhum parait moins stricte. En réalité, il y a surtout une certaine complexité car les dénominations peuvent changer selon les types de rhums. La législation est en fait moins uniformisée au niveau mondial.

La théorie

En théorie, la règlementation européenne devrait s’appliquer pour les rhums vendus sur le sol français. A savoir, la mention d’âge doit, comme pour le whisky, porter sur l’eau-de-vie la plus jeune contenue dans la bouteille. Cette règle, plutôt simple va dans le sens du consommateur afin qu’il ne se retrouve pas avec un rhum estampillé 20 ans d’âge si une partie du rhum contenu dans la bouteille n’a pas vieilli 20 ans.

En pratique : le cas des rhums vieillis en méthode Solera

La technique de vieillissement en Solera est pratiquée sur de nombreux rhums de tradition espagnole “Ron”. Sans rentrer dans le détail, cette technique implique un mélange d’eaux-de-vies d’âges différents pendant le processus de vieillissement. Du coup, il est compliqué de déterminer un âge précis et les étiquettes vont souvent mentionner un âge moyen voir l’âge des eaux-de-vie les plus anciennes présentes dans le rhum. La mention d’âge peut donc être trompeuse dans ce cas. Même si cela n’est pas conforme à la règlementation en vigueur en Europe, les étiquetages ne sont pas modifiés. La répression des fraudes est consciente du problème, mais il semble y avoir malgré tout une tolérance sur le sujet.

Rhum : Les appellations liées à l’âge

Parfois les bouteillent ne mentionnent pas l’âge du rhum, mais utilisent une appellation qui donne une indication de durée de vieillissement minimale. Certaines appellations peuvent être réservées par exemple aux rhums de la Martinique qui est une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée).

Le tableau suivant liste les différentes mentions que vous pourrez trouver sur une bouteille de rhum :

Cachaça : le presque rhum du Brésil

La Cachaça est parfois appelé “rhum brésilien”. Si ce raccourci est un peu trompeur, on pourrait plutôt considérer ce spiritueux brésilien comme un cousin du rhum puisqu’il résulte de la distillation du jus de canne à sucre, aussi appelé vesou

Le tableau ci-dessous énumère les différentes appellations utilisées pour les Cachaças :

Tequila : la couleur de l’âge

La tequila est un spiritueux qui ne subit jamais de vieillissement très long. En effet, les tequilas les plus vieillies ne vont que rarement au delà de 4 ans car on considère qu’une durée de vieillissement plus élevée n’apporte rien et peut même nuire à la qualité de la tequila.

Il existe quelques dénominations officielles donnant des indications sur l’âge d’une tequila, mais aussi pas mal de dénominations non officielles. J’ai décidé de lister toutes les dénominations que j’ai trouvées afin d’être le plus informatif possible :

A noter que certaines eaux-de-vie venant de pays hispanophones reprennent parfois les appellations Blanco, Reposado, Añejo mais sans avoir à respecter les durées de vieillissement de la tequila. Cela permet simplement de trier en un coup d’œil les eaux-de-vie en fonction de leur vieillissement.

Cognac : le prestige français s’exprime aussi en anglais

Le titre du paragraphe est un peu réducteur car il existe également beaucoup d’appellations en français. Mais le fait que le Cognac soit vendu en très grande majorité peut expliquer que les appellations anglophones ont tout de même la cote !

Le Cognac résulte souvent d’un assemblage et l’âge mentionné ou l’appellation utilisée fera toujours référence à l’eau-de-vie la plus jeune. Il existe par contre une particularité spécifique au Cognac : la date de début de vieillissement est le 1er avril de l’année suivant la vendange.

A noter que certaines appellations ont changé de compte d’âge au 1er avril 2018. Il peut donc y avoir une confusion sur ces mentions durant les années à venir.

Armagnac : également proche du Cognac

L’Armagnac est, comme le Cognac, une eau-de-vie de vin. Mais contrairement à l’alcool charentais, les appellations ne sont que des préconisations. Elles sont néanmoins inspirées des appellations utilisées pour le Cognac, mais peuvent du coup avoir des airs de faux amis puisqu’elles ne sont pas identiques. La règle concernant les assemblages est identique aux autres spiritueux, à savoir que c’est l’eau-de-vie la plus jeune qui doit être prise en compte.

Calvados : pour ne pas être pommé

Le calvados est une eau-de-vie de cidre ou de poiré (équivalent du cidre, mais avec la poire comme matière première). Pour avoir l’appellation, le vieillissement doit être d’au moins 2 ans. On trouve des appellations d’âge à partir de 2 ans (le minimum donc) et qui ne vont pas au delà de 6 ans. Pour les calvados les plus vieux, la durée de vieillissement est donc souvent précisée en années pour guider le consommateur.

On retrouve à peu près le même vocabulaire dans les appellations du Calvados que pour le Cognac et l’Armagnac :

Brandy : un peu vieilli

Le Brandy est une eau-de-vie de vin qui peut être additionnée d’un distillat de vin. Cette addition possible le différencie du Cognac et de l’Armagnac. Il ne possède pas non plus d’appellation géographique comme ces derniers.

On retrouve souvent les mentions XO, VS, VSOP ou Napoléon par exemple. Il ne semble pas qu’elles soient régies par des contraintes précises, cela est plus utilisé par les producteurs pour présenter leur gamme via des appellations connues qui vont permettre au client de savoir quelle eau-de-vie est la plus vieille.

La seule certitude est que tous les brandys doivent être vieillis au moins 6 mois en fûts de chênes s’ils sont d’une capacité inférieure à 1000 litres. Sinon, la durée de vieillissement minimale passe à 1 an.

Et le reste du monde ?

Concernant les autres eaux-de-vie comme la vodka ou le gin par exemple, il n’y a aucune appellation d’âge. Cela part d’une logique simple puisque ces spiritueux, les alcools blancs, ne sont pas destinés à être vieillis. Il existe évidemment des exceptions, mais cela serait un non sens de créer une règle pour les exceptions !

En conclusion : ouvrez l’œil !

Il n’est pas toujours simple pour un consommateur non averti de bien comprendre la mention d’âge portée sur l’étiquette d’une bouteille. Même s’il ne s’agit que d’un élément parmi d’autres, c’est quand même un critère qui peut donner une indication intéressante sur la gamme et sur le caractère de votre eau-de-vie. Les amateurs couplent cette information au type de fût utilisé pour en savoir plus sur les arômes apportés par le vieillissement.

Maintenant, il reste assez aisé de se documenter sur les spiritueux les plus courants qui ont un cahier des charges assez strict sur le sujet. Malgré tout, les exceptions, comme avec le rhum vieilli en Solera, peuvent vous induire en erreur, alors ouvrez l’œil et n’hésitez à poser des questions précises au producteur ou au caviste qui se trouve devant vous ou de l’autre côté de votre écran !